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20 octobre 2007

Premier texte

Un extrait de l'histoire que je suis en train d'écrire. J'en suis à la page 40 du manuscrit et je cherche un bon dessinateur/coloriste qui serait interéssé pour adapter cette histoire en BD au fur et à mesure.

Ce texte n'est que le second jet et doit encore subir de nombreuses modifications. Il ne donne qu'un aperçu de l'histoire.

CHAPITRE I

 

Olgaran

 

 

 « Ô toi grande Déesse Miyrwin, Puissance des Puissances, Reine des Milles Royaumes, accèpte cette chair et ce sang en offrande et innonde notre terre de ta magie ! »

 

 Le Haut Prêtre de la cité d'Olgaran se tenait debout, mains tendues en avant, au centre du Puit de Sang, sur une plateforme reliée au bord par un petit pont de pierre. A ses mots, l'Eau Rouge du puit se mit à scintiller et plongea bientôt la salle des Offrandes dans une lumière rouge et vive qui prenait le dessus sur les torches accrochées aux murs et aux colonnes. Le Haut Prêtre abaissa les bras et ordonna par ce geste aux six autres prêtres de Miyrwin, vêtus de longues robes rouges, et disposés à intervalle réguliers autour du puit, de tirer sur les leviers se trouvant devant eux. Des grincements résonnèrent dans la salle de pierre, poulies et rouages s'activaient, et par un système de balancier les grandes planches de bois tachées de sang plus ou moins vieux sur lesquelles reposaient des cadavres basculèrent, et les corps glissèrent dans l'eau. Parmis ces cadavres se trouvaient des habitants morts de vieillesse ou de maladie, des guerriers tombés au combat et des prisonniers torturés jusqu'à la mort, au corps presque squelettique et couvert de blessures. Il était temps désormais pour eux de rendre leur âme à la Déesse Miyrwin, maîtresse des Royaumes du Chaos.

Les corps glissèrent dans l'eau brillante, et un tourbillon les emporta vers les profondeurs du puit. Nul ne savait jusqu'où il pénétrait dans le sol, et certains pensaient même qu'il s'étendait jusqu'au centre du monde. Quand le tourbillon cessa, l'eau reprit son aspect habituel, rouge et profonde. Le Haut Prêtre se retourna et rejoignit le bord en empruntant le petit pont de pierre. Il commença à faire le tour du puit en marchant lentement, et en passant à côté de chaque prêtre qui commencèrent à le suivre en procession, muni chacun d'un encensoire qu'ils balançaient de droite à gauche en psalmodiant des prières à la gloire de Miyrwin. Sur leur robe était brodé en fil d'or l'emblême de SelToht, Seigneur d'Olgaran, que l'on retrouvait également sur les tapisseries rouges suspendues aux murs de la salle. Après un tour complet du puit, il passèrent sous une arcade et traversèrent la nef du temple où s'étaient réunies les familles et connaissances des défunts, qui s'agenouillèrent ou baissèrent la tête à leur passage. Tous suivirent les prêtres qui quittèrent le temple.


Quelques minutes plus tard, alors que seul le crépitement des torches se faisait entendre dans le temple vide, l'Eau Rouge du puit s'anima à nouveau, s'illumina, et des bulles vinrent crever à sa surface: quelqu'un provenant du monde des esprits arrivait.

Saaya transperça la surface de l'eau comme pour s'en échapper, puis nagea rapidement jusqu'au bord de pierre. Elle s'extirpa du liquide qui semblait vouloir la retenir, et une fois sur la terre ferme, suffoqua quelques secondes avant de dégurgiter autant d'eau que ses poumons pouvaient en contenir. Car pour voyager d'un monde à l'autre il fallait, après avoir traversé un des ponts enjambant les Rivière des Âmes, que l'Eau Rouge emplissent entièrement de force le corps du voyageur, vivant ou mort, pour permettre le transfert. Ceci signifiait également que les vivants devaient supporter une douleur atroce et impérativement rester conscient pour ne pas mourir noyé et pouvoir sortir du puit rapidement, sans quoi ils se feraient à nouveau aspirer dans ses profondeurs.

Saaya resta inconsciente plusieurs minutes. Nue et étendue sur le sol dallé, nul doute qu'elle n'aurait pas survécu longtemps si la pièce ne fut vide. Nue en effet, car les Puits de Sang ne permettent pas le transfert de matière non organique ou qui ne fut, à un moment ou à un autre, vivant. En fait, seule la matière pouvant être consommée par la déesse pouvait traverser les puits. A chaque voyage, Saaya se retrouvait donc sans vêtement et pire: sans arme. Evanouhie sur le sol froid, elle était sans défense. Sa longue chevelure noire, nouée en nattes et en tresses humides et collantes, s'étalait sur tout son dos jusqu'à la naisance de sa queue noire. Un courant d'air fit frissonner sa peau verte et mouillée, ce qui la fit sortir de sa torpeur. S'appuyant sur les pierres qui constituaient le socle d'une des plaques de bois sur laquelle reposait il y a peu les morts, elle se releva avec difficulté et tremblante. Debout, elle ne devait pas dépaser le mètre soixante, ce qui est une taille plutôt ridicule pour un Démon... pour un Gobelin à la limite. Mais en réalité, elle n'appartenait ni a l'une ni à l'autre de ces races. Elle dressa ses oreilles pointues comme le ferait un animal aux aguets et écouta attentivement le silence à la recherche de tout son pouvant signaler un quelconque danger. Puis elle regarda où elle avait aterri.

La salle était d'une assez grande dimension, avec en son centre le Puit de Sang, d'une vingtaine de mètres de diamètre. Tout était fait de pierre taillée et sculptée, de couleur ocre jaune, à l'exception des plaques de bois, des leviers, des mécanismes et des tapisseries ornant les murs. De forme octogonale, elle était dotée de nombreuses colonnes sculptées en racine – comme il était courant de représenter Miyrwin – donnant au lieu un aspect reptilien, comme si des dizaines de serpents s'enroulaient autour des colonnes. De nombreuses torches éclairaient la pièce, et leur odeur âcre ne parvenait pas à couvrir l'odeur de mort qui y regnait. Sur sept des murs, des tapisseries rouges brodées d'un symbole d'or firent savoir à Saaya qu'elle n'était jamais venue sur ce monde, car elle ne se souvenait pas d'un tel symbole. Le huitième mur était percé d'une sortie surmontée d'une arche donnant sur une autre pièce.

Saaya se concentra un instant et les scarifications finement gravées dans la chair de ses épaules et de ses bras s'illuminèrent d'une couleur de feu. Un flot de chaleur envahit son corps et bientôt, sa peau et ses cheveux furent complètement secs. Ce pouvoir, elle pouvait également s'en servir pour se défendre contre quelconque agresseur au sortir du puit, bien qu'il eût fallu qu'elle soit consciente pour l'utiliser. Saaya regarda en direction d'une colonne au pied de laquelle un sac venait d'apparaître comme par magie (en réalité c'était bien de la magie qui était à l'origine de cette apparation). Elle s'accroupit à côté et l'ouvrit, puis en sortit tout ce qu'il contenait: un maillot pour couvrir sa poitrine, en cuir brun avec des lanières pour l'attacher autour du cou, un slip de peau, également de cuir brun, noué sur le côté par un anneau doré, des bottes de cuir, un manteau léger noir à capuchon, une dague dans son fourreau, une bourse remplie de pièces et une étrange poupée à l'effigie d'un lutin. Saaya enfila les vêtements, attacha la dague sur sa jambe droite à l'intérieur de la botte, et remit la bourse dans le sac. Elle ramassa la poupée et, la tenant dans la paume de sa main, murmura:

« Vlad, si tu es là, montre toi. » Mais rien ne se produisit. « Etrange... »

Elle enfouit la poupée dans le sac en bandoulière et sorit furtivement du temple en prenant soin de ne pas être vue.

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