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29 octobre 2007

Suite du texte

Olgaran était une grande cité fortifiée ayant résisté aux assauts du temps et de ses ennemis, éclairée par des révèrbères surmontés de boules de verres remplies d'Eau Rouge. Un tel système d'éclairage, utilisant à la fois un système de drainage de l'eau et la magie qui la faisait luire, prouvait que ce monde était assez développé (c'est à dire qu'il n'était pas composé uniquement de barbares qui passaient leur temps à piller, voler, violer, boire et manger).

Après avoir erré dans les rues de la cité, Saaya entra dans ce qui semblait être une taverne ou une auberge (même le plus illettré des démons pouvait reconnaître la choppe de bière sur l'enseigne). L'odeur nauséabonde des démons et autres créatures présentes emplit ses narines, mais c'était un désagrément qu'elle avait appris à surmonter. A son entrée, tous s'étaient tus et la regardaient avec insistance, mais ils étaient bien loin de pouvoir deviner la véritable nature de cet être. Si elle avait été à peine plus petite et si elle ne marchait pas en se tenant parfaitement droit, avec sa peau verte, on aurait pu la confondre avec un gobelin, ce qui n'aurait pas été très commode pour elle, étant donné que massacrer des gobelins était le passe-temps favori de la plupart des races. Par chance donc ils virent que ce n'était pas un gobelin. Sous son capuchon noir, Saaya pouvait passer pour un simple voyageur venant de lointaines contrées.  Elle marcha tout droit en direction d'une table libre au fond de la pièce, dans un coin ombre à l'écart des autres. Une jolie démone – d'un point de vue de démon bien sûr – vint prendre sa commande.

« Une choppe de bière ira parfaitement... hé, dites, vous avez des chambres libres ?

  • Bien sûr. Voyez avec le patron au comptoir, le gros snalok là-bas.

  • Merci. »

La serveuse alla remplir une choppe au robinet d'un tonneau entreposé derrière le comptoir, et elle l'apporta, dégoulinante de mousse, et la posa lourdement sur la table de bois avec un bruit sourd, puis s'en retourna s'occuper d'autres clients. Saaya but à petites gorgées et sombra bientôt dans ses pensées.

« Vlad n'est toujours pas apparu, se dit-elle. Cela m'inquiète de plus en plus et ne peux pas agir ou repartir sans sa décision. »

 Saaya n'avait pas remarqué le grand erling qui venait d'entrer. Un guerrier visiblement, fort et vêtu simplement d'une cotte de maille recouverte d'une chemise de lin brune, d'un pantalon de cuir et de bottes. Des parties métalliques venaient renforcer ses épaules, ses coudes et ses genoux. Il portait cape et épée et semblait très nerveux. Sa peau était ridiculement rose, comme tous ceux de sa race, ce qui était souvent cause de railleries, bien que les moqueurs découvrissent rapidement que la couleur de leur peau ne les empêchait pas de frapper fort.

Frapper, c'est justement ce que venait de faire l'erling, frapper du poing sur le comptoir, ce qui tira Saaya de ses pensées. Elle observa l'erling qui venait d'empoigner le patron par le col en vociférant des mots dans sa propre langue, ce qui ne facilitait pas la compréhension. Saaya connaissait ce visage, bien qu'elle ne l'eût pas revu depuis bien des années. Elle se leva et s'avança. L'erling était prêt à écraser son poing sur le gros nez du snalok alors que plusieurs démons s'étaient levés, prêts à en découdre. Mais Saaya arrêta le geste du bonhomme.

    « Tu ne devrais pas t'énerver comme ça mon ami. L'erling détourna un moment sa colère.

  • Et qui es-tu pour me dire ce que je dois faire ?!

 Saaya retira son capuchon et laissa découvrir son visage à son interlocuteur. Ses grands yeux noirs brillaient et un sourire s'esquissa sur ses lèvres.

  • Saaya ?

  • Oui c'est bien moi, Irgorn du clan Erlod, mon vieil ami.

Irgorn relâcha le col du patron qui commençait à étouffer et prit Saaya dans ses bras. Il la souleva facilement à plusieurs centimètres du sol et la serra contre lui avant de la reposer.

  • Mais que fais-tu donc ici ? Tu es venue par...

  • Chut ! fit Saaya. J'ai suivi la même route que toi. »

Saaya avait rencontré Irgorn sur un autre monde bien des années auparavant, et elle se doutait bien qu'il était arrivé ici par le puit. Mais la plupart des gens considèrent ce voyage comme un sacrilège et l'imprudence d'Irgorn faillit bien révéler leur secret. Saaya lui retourna sa question alors qu'ils allaient s'asseoir à une table. Ils n'avaient pas remarqué le patron chuchotter quelque chose à un démon qui sortit immédiatement après, l'air pressé.

« Je suis ici pour affaire, répondit Irgorn. Je travaille pour SelToht, le Seigneur de ces terres. Il me paye bien pour obtenir des objets et des renseignements 'd'ailleurs'. Mais c'est un secret (il se mit à murmurer encore plus bas). Personne ne doit savoir que le Seigneur lui-même autorise un simple démon comme moi à traverser le puit...

  • Ce SelThot ne semble pas être un fanatique de Miyrwin comme les autres... »

 Sur ces mots, une patrouille de la garde entra dans l'établissement, alertée par le démon envoyé par le snalok. Ils échangèrent quelques mots et le patron désigna Irgorn du doigt, en remettant de l'autre main une bourse de cuir à l'un des gardes.

« Hoho, ramasse tes affaires, on s'en va.

  • Mais...

  • Vite !

 Irgorn se leva et courut en direction des escaliers de bois menant à l'étage, aux chambres. Saaya m'imita.

  • Stop ! Vous êtes en état d'arrestation ! Allez vous autres, rattrappez-les !

 Les trois autres gardes s'élancèrent à leur poursuite.

  • Irgorn, donne moi ta cape ! »

Saaya se saisit de la cape de son ami et la lança dans les escaliers sur les gardes qui montaient. Ceux-ci s'empêtrèrent dedans et tombèrent à la renverse les uns sur les autres dans un fracas de métal et de cris de douleur. A l'étage, le couloir qui formait un angle droit ne comportait aucune fenêtre ou porte donnant sur l'extérieur. Irgorn entreprit donc d'enfoncer la porte de l'une des chambres, qui se trouvait être occupée par une prostituée (facilement identifiable à la marque qu'elle portait sur l'épaule) à peau bleue chevauchant avec vigueur un gros démon tentaculaire à l'air stupide et satisfait. Sans y prêter trop d'attention, ils travèrsèrent la chambre en direction de la fenêtre. Ils entendaient derrière eux le bruit des gardes qui s'étaient relevés et qui remontaient l'escalier aussi vite que le permettait leurs armures.

Irgorn hésita un moment puis sauta par la fenêtre, qui n'était heureusement pas très haute, un peu aidé par Saaya, qui sauta à son tour au moment où les gardes entrèrent dans la pièce. Ceux-ci s'approchèrent de la fenêtre mais décidèrent finalement qu'ils n'étaient pas assez payés pour sauter en armure du premier étage. L'un des gardes cependant reconnut la prostituée, qui était en réalité un démon cannibale qui dévorait les victimes qu'elle attirait dans son lit, et ils l'arrêtèrent, bien qu'elle se debattit en protestant.


Au dehors, Irgorn se remettait non sans peinede sa chute: une mauvaise réception semblait lui avoir brisé la cheville, bien que pour un démon ce n'était pas une blessure grave. Saaya, bien plus agile et plus légère, avait atterri sans difficulté, presque avec grâce.

« Et maintenant, où va-t-on ? demanda Saaya.

  • Chez le Seigneur SelThot.

  • Quoi ? Mais ce sont ses gardes qui ont essayé de nous arrêter à l'instant, non ?

  • Ils sont corrompus, et le petit secret entre lui et moi me donne un certain avantage. Il me doit une faveur. »

 Ils s'enfoncèrent tous les deux dans l'obscurité d'une ruelle, Irgorn boitant à cause de sa cheville, en direction du château de SelThot, huitième fils de la Dynastie Thot.

La cité d'Olgaran était composée d'une multitude de ruelles et d'axes plus importants, et seules les grandes routes étaient éclairées la nuit. Les bâtiments, hauts de deux à trois étages, étaient pour la plupart faits de bois et de pierre grise, surmontés de toits de chaume. La population qui y vivant semblait ne pas avoir connu de grande guerre depuis un certain temps, mais nul doute que les batailles se déroulaient ailleurs. La guerre est une tradition sur la plupart des Royaumes du Chaos, les morts permettent de satisfaire Miyrwin. Bien que depuis les temps plus anciens des sociétés se soient constituées là où avant il n'y avait que barbares, les Seigneurs et les nombreux clans continuaient de s'affronter au nom de la même Déesse.

Les grandes cités comme Olgaran étaient toutes construites autour d'un Puit de Sang, situé au coeur de la ville. Certains peuples errigeaient d'immenses monuments autour des puits, d'autres les laissaient à leur état naturel. Le temple d'Olgaran n'était pas très impressionnant de par sa taille, ni de par sa beauté architecturale, mais il n'était pas fait de la même pierre que les autres bâtisses, ce qui le détachait de la masse et lui donnait de l'importance. Tous les grands axes menaient au temple, et si un dragon eût passé au dessus de la ville, il eût pu voir une étoile à huit branches teintées de rouge avec, en son centre, le temple. Au nord et au sud, les voies partant du temple débouchaient sur les portes de la ville, encadrées de deux tours de garde et d'un pont-levis enjambant les douves. Tout le terrain avait été modifié de façon à placer la ville sur une colline, pour lui permettre de surplomber tout le territoire alentour et de voir arriver les ennemis de loin. Ceci était l'oeuvre d'IbrharToht, premier roi de la Dynastie Thot, mort il y a huit cent ans. En plus des douves, deux remparts avaient été errigés tout autour de la cité, et de nombreuses tours de garde la défendaient.

Le château de SelThot quant à lui s'élevait à l'est de la ville, sur une butte. Il était constitué de trois ailes, ouest, nord et sud. A l'est, entre les ailes nord et sud, une arène était construite, de forme circulaire, à l'intérieur même de l'enceinte du château. Le Seigneur SelThot aimait organiser des tournois réunissant les meilleurs combattants des contrées voisine, ce qui donnait lieu à de grandes fêtes pour le plus grand plaisir des gens de la cité et des visiteurs.

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